
L’ancien cycliste Pedro Delgado a accusé le président de soutenir des manifestations violentes et a rappelé aux téléspectateurs que les gouvernements dirigés par Sánchez avaient approuvé des ventes d’armes tout en affirmant sympathiser avec la Palestine. Delgado a qualifié le résultat de honte pour le sport espagnol et a déclaré que le monde voyait un pays incapable de protéger l’un de ses grands événements. Les remarques de Delgado sont cinglantes car elles ne viennent pas de politiciens mais d’une figure très respectée au sein de la communauté cycliste.
La question plus large est de savoir si la politique a sa place dans le sport. L’histoire montre que les deux sont rarement séparés. Le salut du Black Power à Mexico, les boycotts olympiques pendant la guerre froide, les athlètes de la NFL qui s’agenouillent, l’exclusion de la Russie de compétitions en raison du dopage et de la guerre, les banderoles pour l’indépendance catalane lors des matchs du FC Barcelone, etc. Tout cela montre que le sport est souvent utilisé, et abusé, pour des consciences politiques et des jeux de pouvoir. Cependant, il existe une différence entre les athlètes qui choisissent d’utiliser leur propre plateforme et les manifestants qui détournent un événement par la force. Lorsque des coureurs qui s’entraînent et se sacrifient pendant des décennies ne peuvent pas franchir la ligne d’arrivée à cause de barricades, ils deviennent des pions dans un conflit qu’ils n’ont pas créé.

La protestation responsable ne signifie pas le silence. Il est possible de brandir des banderoles, de scander des slogans, de coordonner des gestes symboliques et d’attirer l’attention sans avoir besoin d’empêcher une compétition de se terminer. Permettre aux athlètes d’exprimer leurs opinions peut également être puissant, car ils ont de l’influence et de la crédibilité sans punir leurs collègues compétiteurs. La frontière entre une expression libre légitime et une perturbation illégale réside dans l’impact sur la sécurité et la capacité de l’événement à se poursuivre. Lorsque les manifestants bloquent un parcours ou mettent en danger les participants, n’est-ce pas là que cette ligne est franchie?
L’Espagne aurait-elle pu mieux gérer les protestations? En assurant une police plus décisive des itinéraires et en désignant des espaces pour les manifestations, la liberté d’expression aurait pu être respectée tout en permettant à la course de se dérouler. En ne garantissant pas l’ordre et la sécurité, les autorités risquent non seulement l’embarras mais aussi des sanctions futures. Les fédérations sportives ont le droit de protéger leurs compétitions. Si un pays hôte ne peut pas assurer la sécurité, les instances dirigeantes peuvent envisager de retirer des événements ou d’imposer des sanctions.
Une autre question clé est de savoir si les éloges des manifestations perturbatrices sapent le respect de l’État de droit. Les dirigeants qui applaudissent des actions impliquant des intrusions et des obstructions envoient un message dangereux selon lequel les lois sont facultatives. Une fois que le public perçoit une application sélective des lois, la confiance dans les mêmes institutions s’affaiblit. La sympathie pour une cause ne justifie pas de saper le cadre qui protège à la fois les droits et les responsabilités.
L’épisode laisse l’Espagne face à des vérités difficiles. Le gouvernement veut se présenter comme un défenseur de la Palestine mais ne peut effacer son passé d’exportation d’armes vers Israël. Les athlètes veulent inspirer à travers le sport mais se retrouvent piégés entre l’hypocrisie politique et les manifestations. Les fans veulent célébrer, mais au lieu de cela, regardent leurs héros mis sur la touche. La Vuelta 2025 a exposé des contradictions à tous les niveaux.
S’il y a une leçon, c’est que la protestation peut être efficace sans être destructrice. Les athlètes devraient être encouragés à s’exprimer, les citoyens devraient avoir le droit de manifester, et les gouvernements devraient agir avec cohérence entre les paroles et les actes. Lorsque ces principes sont ignorés, le sport en souffre, les fans sont lésés, la politique perd en crédibilité, et le public ne voit que de l’hypocrisie.