
Cela permettrait à la Catalogne de se séparer non pas politiquement, mais dans la vie quotidienne. Cela signifierait que les bureaux, les magasins, les banques et les travailleurs indépendants fonctionneraient une heure plus tôt que le reste de l’Espagne – presque comme s’ils vivaient dans un pays différent. Ce que la Catalogne veut, c’est prouver que la loi espagnole ne définit plus le mode de vie de la Catalogne. La plupart des habitants de la région, même ceux qui soutiennent l’indépendance, voient cela comme plus un théâtre politique qu’une réelle transformation.
La vérité est que cette idée révèle à quel point le mouvement indépendantiste est devenu faible. Les partis séparatistes catalans ont perdu leur majorité en 2024, et l’enthousiasme a diminué depuis que Carles Puigdemont a fui le pays après le référendum illégal raté de 2017. Il réside toujours en Belgique et sera arrêté pour détournement de fonds et mauvaise utilisation des fonds publics s’il revient en Espagne. Ce qui reste, ce sont quelques gestes visant à maintenir en vie le rêve séparatiste, et bien sûr, à permettre aux politiciens catalans de prendre le contrôle total des caisses. Changer de fuseau horaire serait l’un de ces gestes. Cela peut sembler créatif, mais cela créerait le chaos pour les affaires, les transports et le commerce.

Le fuseau horaire de l’Espagne a déjà été remis en question de nombreuses fois par le passé. Géographiquement, Madrid se situe directement au sud de Londres, pourtant nous partageons le même fuseau horaire que Varsovie. La raison est historique, pas pratique. En 1940, le général Franco a avancé les horloges de l’Espagne d’une heure pour les aligner sur l’Allemagne nazie. C’était censé être un acte symbolique de loyauté, mais le mode de vie des Espagnols s’est adapté en conséquence et cela n’a jamais été inversé. À ce jour, les Espagnols dînent très tard, travaillent tard et se couchent tard car l’horloge suit toujours une décision politique prise il y a quatre-vingts ans.
La proposition de la Catalogne de revenir à l’heure de Greenwich peut sembler logique lorsqu’on la regarde à travers ce prisme historique. Mais la région fait principalement du commerce avec la France, l’Allemagne et l’Italie, tous situés sur le fuseau horaire d’Europe centrale. Se décaler d’une heure en arrière les isolerait économiquement, et non pas les libérerait. Beaucoup comprennent le désir de marquer une identité de manière unique, mais l’heure en Espagne n’est pas un drapeau. C’est un rythme national partagé. En fin de compte, il semble que la Catalogne se retrouve encore une fois en retard pour sa rédemption.